JournalB.M. : Journal → 19/06/2006
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Paris,
le lundi 19 juin

Disparition de Raymond Devos la semaine dernière. Son comique m’a toujours touché de près, par cette folie familière qui emmenait ses sketches ; sa manière d’être sur scène, comme toujours en fuite, drôle et tendu de quelques ombres inquiétantes entre deux gestes. Quand je dis folie familière je ne parle pas de moi, je veux dire une folie à portée de main, à peine, d’une folie qui est une poésie.
Je ne sais pas bien le dire, cela fait longtemps que je sais de quelle manière je suis touché par lui mais je ne sais pas bien le dire, j’arrive à mal l’écrire. Néanmoins c’est important que je le fasse tout de même.

Le temps passe (lieu commun de ce journal). Je pense parfois à cette affection, doublée de cette méfiance qui ne m’a jamais totalement quitté, retenant certains gestes comme pour m’éviter un précipice (je n’ai pas d’ailes). Ce qui est frappant ce sont ces extrêmes tendus par leur antithèse, une opposition retrouvée sur plusieurs plans, sans pour autant que ce ne soit systématique.
Je est sur des structures fragiles et ça met du temps, il y a des jours où c’est dur d’avoir la patience. J’endure et il arrive que je manque d’endurance, mutisme et plus rien à déclarer. Je me sens alors étranger.

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