le jeudi 3 novembre
J c’était un type qui avait en lui une urgence de vivre absolue, quelqu’un d’incroyablement tourné vers les autres, doué d’un humour sans fin et ça ne suffira jamais de dire ça. Et cette force qui l’habitait, si puissante, cette envie, sans doute a-t-elle permis que sa maladie ne l’emmène pas plus tôt, mais qu’importe ? c’est dégueulasse la mort qui survient à vingt-huit ans. Et ce type, en quelque sorte tous ceux qui l’ont connu lui doivent quelque chose. Peut-être simplement de la confiance dans cette vie, même lorsqu’elle se montre salope.
Aujourd’hui à son enterrement, ses amis proches : « Il nous dirait d’aller boire un coup et de ne pas oublier de rire ».
Je me souviens de cette fois où il me parlait du technival - qu’il avait raté cette année pour son traitement - me disant très simplement que là-bas « il respire comme jamais il n’avait respiré », connaissant son affection ça n’était pas peu dire, ça m’a beaucoup marqué. Mais nous n’y pensions pas, J c’était un collègue et un copain, celui avec qui on aime bosser et qu’on veut voir dans toutes les soirées. Et ce qui le rongeait, ça ne se voyait pas.
Le soir toute l’équipe se retrouve au bar au bas du bureau, nous parlons de J et du reste aussi, pendant que la bière coule, beaucoup, et très tard. Il était avec nous depuis six mois, nous aurions tous pu jurer le connaître depuis deux ans au moins. Vivre quatre fois plus.